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Cigarette électronique : un des facteurs liés à l’arrêt du tabac

Cigarette électronique : un des facteurs liés à l’arrêt du tabac

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai 2025, Santé publique France a partagé les résultats d’une analyse sur les évolutions récentes et les facteurs associés à l’arrêt du tabac en France hexagonale.

Elle repose sur les réponses apportées par 24 446 français au statut tabagique exploitable lors de l’enquête téléphonique menée par le Baromètre de Santé publique France 2021, sur un échantillon aléatoire de 24514 personnes résidant en France hexagonale âgées de 18 à 85 ans.

La cigarette électronique y apparaît comme l’un des facteurs liés à l’arrêt du tabac entre 2016 et 2019, chez les hommes comme les femmes.  

Coup d’œil.


Rechercher les facteurs liés à l’arrêt du tabac : un levier pour lutter contre le tabagisme

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Avec 75 000 morts, soit 13 % de l’ensemble des décès, qui ont pu être attribués à la consommation de tabac en 2015, le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable en France. De nombreux scientifiques s’intéressent à cette addiction, et surtout à ce qui permettrait de l’enrayer. Romain Guignard, Antoine Gaudebout, Raphaël Andler, Anne Pasquereau, François Beck et Viêt Nguyen-Thanh en font partie. Ils sont les auteurs de l’étude intitulée L’arrêt du tabac en France hexagonale : évolutions récentes et facteurs associés d’après les données du Baromètre de Santé publique France 2021, partagée par Santé Publique France à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai 2025.

Dans son introduction, ils expliquent qu’un suivi régulier de la prévalence du tabagisme permet d’ajuster les politiques de lutte anti-tabac pour obtenir de meilleurs résultats. Les chercheurs rappellent que d’autres approches nécessaires existent, notamment le suivi des facteurs liés à l’arrêt du tabac, car seuls 2 à 3 % des fumeurs arrivent à arrêter de fumer alors qu’ils sont près de deux tiers à vouloir y parvenir.

Les dernières recherches sur le sujet remontaient à 2010. Elles étaient ainsi antérieures au phénomène de baisse importante de la prévalence du tabagisme quotidien constaté en France au cours de la dernière décennie. En effet, la prévalence tabagique, stable entre 2000 et 2015 avec environ 30 % de fumeurs, a chuté jusqu’à atteindre 24 % en 2019, avant de redevenir stable.

L’équipe de scientifiques est donc partie du postulat qu’il existait peut-être des facteurs liés à l’arrêt du tabac entre 2016 et 2019 différents de ceux relevés lors des travaux précédents réalisés en France comme à l’étranger. Des facteurs à identifier pour améliorer la lutte contre le tabagisme. C’est ainsi pour faire avancer la recherche et améliorer la politique française de santé publique que les chercheurs ont décidé d’analyser des données du Baromètre de Santé publique France 2021. Ils ont cherché à identifier d’éventuelles spécificités dans les facteurs liés à l’arrêt du tabac sur la période 2016-2019 maintenu jusqu’en 2021, le profil type des fumeurs ayant réussi à arrêter le tabac, ainsi que les freins au sevrage tabagique. 

Une analyse sérieuse des données du Baromètre Santé publique France 2021

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L’arrêt du tabac en France hexagonale : évolutions récentes et facteurs associés d’après les données du Baromètre de Santé publique France 2021 est une étude fiable parce qu’elle repose sur l’analyse des données du Baromètre de Santé publique France 2021, issues d’une enquête de grande ampleur, avec un taux de participation de 44,3 %. Un sondage mené par téléphone entre février et décembre 2021 auprès d’un large échantillon de la population des fumeurs et ex-fumeurs âgés de 18 à 85 ans résidant en France hexagonale, à savoir 24 514 individus.

Sur la totalité des répondants, 24 446 avaient un statut tabagique exploitable pour des recherches parmi fumeur quotidien, fumeur occasionnel, ex-fumeur quotidien, ex-fumeur occasionnel, a fumé juste une ou deux fois pour essayer, ou n’a jamais fumé. L’analyse a porté sur leurs réponses. Le groupe des fumeurs quotidiens, qui consomment une quantité régulière voire journalière de tabac ou de produits assimilés (cigarettes, cigares, cigarillos, chichas, mais pas de cigarettes électroniques), et le groupe des ex-fumeurs quotidiens, qui ont fumé quotidiennement au moins six mois avant l’enquête mais ont arrêté, sont ceux qui ont intéressé l’équipe de recherche.

Pour mener à bien leur analyse, les scientifiques ont eu besoin d’identifier parmi le groupe des ex-fumeurs quotidiens ceux ayant arrêté sur la période d’étude, à savoir entre 2016 et 2019. Ils ont donc demandé aux membres la durée depuis leur arrêt du tabac. Une fois identifiés, ils ont été comparés aux fumeurs quotidiens sur la base de plusieurs critères d’étude, pour déterminer s’il existait des différences parmi leurs caractéristiques sociodémographiques, leur consommation d’alcool (dépassement ou non des repères), la survenue d’un épisode dépressif caractérisé durant l’année passée, et l’usage quotidien d’une cigarette électronique. 

Baromètre de Santé publique France : Enquête transversale répétée, mise en place depuis 1992 pour suivre les évolutions des connaissances, des attitudes et des comportements des Français en matière de santé. La stabilité de sa méthode permet d’effectuer des comparaisons dans le temps, ici entre 2010 et 2021.

La cigarette électronique identifiée comme l’un des facteurs liés à l’arrêt du tabac

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Les recherches des scientifiques ont mis en évidence que l’usage de cigarette électronique est l’un des facteurs liés à l’arrêt du tabac entre 2016 et 2019 chez les hommes comme les femmes. Sur cette période, l’utilisation d’une e-cigarette est ainsi associée à une probabilité plus élevée d’avoir arrêté de fumer, entre autres facteurs associés au sevrage tabagique.

Les chercheurs rappellent que leur analyse, de type transversale, ne permet pas de démontrer de lien de cause à effet entre les facteurs associés à l’arrêt du tabac mis en évidence, tels que l’utilisation d’une cigarette électronique, et la réussite du sevrage tabagique. Autrement dit, l’analyse publiée à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac 2025 ne permet pas de prouver que la cigarette électronique garantit un sevrage tabagique réussi.

L’équipe de chercheurs rappelle à ce sujet que l’efficacité de la cigarette électronique comme aide à l’arrêt du tabac n’a pas encore été prouvée, en raison d’un nombre d’évaluations sous forme d’essai contrôlé randomisé encore trop limité, et de résultats d’observation en population générale mitigés, rendant compte de véritables réussites comme de rechutes en cas d’utilisation prolongé. Les scientifiques nuancent toutefois ce fait en citant les conclusions de la dernière revue Cochrane, véritable référence en la matière, pour qui les cigarettes électroniques contenant de la nicotine aident probablement les fumeurs à arrêter de fumer puisqu’elles ont prouvé une efficacité supérieure aux substituts nicotiniques et aux cigarettes électroniques sans nicotine.

Situation financière, niveau d’études, avancée dans l’âge : les autres facteurs associés à l’arrêt du tabac

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L’usage quotidien de la cigarette électronique n’est pas le seul facteur lié à l’arrêt du tabac qui a été identifié par les chercheurs pour Santé publique France. Chez les hommes comme chez les femmes, entre 2016 et 2019, un niveau d’études supérieur au baccalauréat ainsi que des revenus assurant une bonne situation financière ont augmenté les réussites des sevrages tabagiques. Autrement dit, les personnes ayant les meilleures situations socio-économiques sont aussi celles qui réussissent le mieux à tourner le dos au tabac.

Autre fait déjà observé par les scientifiques en 2010, encore valable en 2021 : l’impact de l’âge dans l’arrêt du tabac. Plus les fumeurs vieillissent, plus ils ont de chances de réussir à cesser de fumer. La part des ex-fumeurs quotidiens dans la population résidant en France hexagonale augmente ainsi avec l’âge, allant jusqu’à atteindre 51,8 % chez les hommes de 75–85 ans.

Les chercheurs expliquent cette tendance par le grand nombre de tentatives nécessaire avant de réussir à arrêter de fumer, mais aussi par l’obligation d’arrêter de fumer pour des raisons de santé, consécutives à l’apparition de certaines pathologies, bien plus importante pour les fumeurs d’un âge avancé que les jeunes. La part des ex-fumeurs quotidiens dans la population âgée, augmentée par les décès prématurés des fumeurs, joue aussi un rôle non négligeable dans ce phénomène. 

Précarité, alcoolisation excessive, troubles dépressifs : les freins identifiés à l’arrêt du tabac

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À l’instar des résultats observés en 2010, les inégalités sociales liées à l’arrêt du tabac sont encore très présentes en 2021.

Les personnes au chômage, ou celles avec une situation financière perçue comme difficile, comptent dans leurs rangs moins d’ex-fumeurs quotidiens que les autres. Il y a ainsi seulement 16 % d’ex-fumeurs chez les demandeurs d’emploi, et pire encore, 11,3 % chez les fumeurs qui estiment avoir une situation financière très précaire, ne leur permettant pas de vivre sans avoir de dettes. Une donnée catastrophique puisque la prévalence du tabagisme quotidien est plus forte dans cette catégorie de population, en situation de précarité.

Les chercheurs ont également relevé qu’une situation financière perçue très difficile était liée à une envie d’arrêter de fumer plus fréquente. De ce fait, l’association de la précarité financière et/ou sociale à une plus faible abstinence tabagique témoigne de difficultés à arrêter de fumer véritablement importantes pour ces fumeurs particulièrement vulnérables. Les chercheurs parlent de chances de succès plus faibles, qu’ils expliquent par une dépendance nicotinique plus forte, des conditions de vie plus difficiles, des normes pro-tabagiques plus prégnantes autour d’eux, ainsi que par un marketing ciblé de l’industrie du tabac.

Un autre frein à l’arrêt du tabac a été identifié par les scientifiques pour les femmes comme pour les hommes : une consommation d’alcool suffisamment importante pour ne plus être considérée à moindre risque. Un autre frein à un sevrage réussi concerne seulement les femmes : celui d’avoir vécu un épisode dépressif caractérisé dans l’année. Pourtant, la dépression est associée à une envie d’arrêter de fumer ainsi qu’à des tentatives d’arrêt plus fréquentes. Là encore, cela révèle de sérieuses difficultés à éclaircir.


La nécessaire adaptation des politiques publiques

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L’analyse des données de l’édition 2021 du Baromètre de Santé publique France témoigne d’une progression positive du nombre d’ex-fumeurs quotidiens. En France hexagonale, en 2021, 23,9 % des adultes de 18 à 85 ans étaient en effet des ex-fumeurs quotidiens. Ils étaient seulement 20,6 % en 2010. Les chercheurs ont également observé que la part d’ex-fumeurs ayant arrêté de fumer dans les cinq années précédent l’enquête a augmenté, passant de 23,2 % en 2010 à 29,8 % en 2021. Autre avancée notable en 2021, la baisse du nombre de fumeurs quotidiens (23,8 % des adultes de 18 à 85 ans) par rapport à 2010 (29,7 %).

Pour autant, pour les scientifiques, il y a urgence à adapter les politiques publiques pour renforcer la lutte contre le tabac, afin de tenir davantage compte des inégalités sociales persistantes face à l’arrêt du tabac, objectivées par leurs travaux.

« Les populations les plus précaires sont les plus touchées par le tabagisme et ont plus de difficultés à arrêter de fumer, nécessitant ainsi une attention particulière pour cibler efficacement ces groupes vulnérables, et mieux les accompagner dans leur démarche d’arrêt du tabac. C’est ce que Santé publique France s’attache à faire depuis plusieurs années dans une logique d’universalisme proportionné, avec notamment des campagnes annuelles ciblant spécifiquement les fumeurs en situation socio-économique défavorable. »

Les chercheurs ajoutent à leurs recommandations de réaliser des recherches complémentaires pour mieux comprendre les interactions complexes entre la santé mentale et les consommations de tabac et d’alcool. Bien que l’existence de liens entre ces facteurs soit connue, les travaux disponibles ne permettent pas encore de comprendre comment ils impactent le processus d’arrêt tabagique. L’objectif de telles recherches serait d’identifier les leviers qui permettraient de réduire les risques d’échec.

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