C’est la triste fin du Cochrane Tobacco Addiction Group. À cette occasion, cette branche de l’organisme indépendant Cochrane, qui vise par ses recherches à permettre un jour la fin de l’addiction tabagique, publie pour la dernière fois une revue systématique sur les moyens efficaces pour arrêter de fumer dans le but de délivrer des conclusions actualisées.
Une synthèse de l’ensemble de ses revues publiées entre 2021 et 2023, qui étudient l’efficacité des substituts nicotiniques, des médicaments et des autres méthodes d’aide au sevrage tabagique, toutes mises à jour pour l’occasion. Le vapotage d’une cigarette électronique y apparaît, une fois de plus, comme une aide sérieuse à l’arrêt du tabac.
Coup d’œil.
Le Cochrane Tobacco Addiction Group publie pour la dernière fois, son financement ayant été suspendu
Créée en 1993, l’organisation Cochrane est un institut international de recherche composé de plusieurs groupes d’experts missionnés pour travailler sur des thématiques différentes, dans le but de permettre aux gouvernements de prendre des décisions de santé publique efficaces, qui respectent l’avancée de la recherche scientifique.
La rigueur professionnelle de Cochrane est reconnue à travers le monde, l’organisation étant à l’origine de revues systématiques critiques de publications scientifiques et de méta-analyses en réseau réalisées par synthèse statistique des connaissances existantes sur un sujet. Les travaux de Cochrane sont de ce fait mondialement reconnus comme une référence en termes de fiabilité.
Le Cochrane Tobacco Addiction Group, dédié à la recherche sur l’addiction tabagique
Parmi les groupes d’experts de Cochrane, le Cochrane Tobacco Addiction Group (CTAG) est la branche de l’institut dédiée à la recherche sur les moyens de traiter l’addiction tabagique. Sa mission est de transmettre aux décideurs et au grand public une information sourcée et claire, une fois encore sous forme de revues systématiques et de méta-analyses, sur les solutions d’aide à l’arrêt du tabac qui ont prouvé scientifiquement leur efficacité, pour leur permettre de prendre les bonnes décisions.
Est-ce que la cigarette électronique aide à arrêter de fumer ? Voici l’une des questions primordiales, pour les fumeurs comme pour les organismes de santé publique et les gouvernements, à laquelle le Cochrane Tobacco Addiction Group est parvenu à apporter une réponse sourcée et fiable. Ses chercheurs ont en effet travaillé de longues années pour déterminer les outils efficaces d’aide au sevrage tabagique, et ont dû dans ce cadre se pencher sur le cas des cigarettes électroniques, et développer ce que l’on savait à leur sujet. Le travail effectué par le CTAG a permis de démontrer non seulement que la cigarette électronique aide bel et bien à arrêter de fumer, mais qu’elle fait partie des moyens les plus efficaces.
La triste fin d’une source de données indépendante
Malheureusement, les avancées des connaissances scientifiques dans ce domaine semblent désormais compromises, le Cochrane Tobacco Addiction Group ayant dû stopper son activité de recherche en septembre 2024, après que le National Institute for Health Research (NIHR), le principal bailleur de fonds du gouvernement britannique pour la recherche clinique, et principal financeur du CTAG, ait suspendu son financement.
Car le Cochrane Tobacco Addiction Group était indépendant, sans conflit d’intérêt, et ses publications constituaient de ce fait une source de données véritablement fiable au service de la lutte anti-tabac. La perte est d’autant plus déplorable que pour le moment, rien ne permet de savoir si un autre organisme reprendra la mission du CTAG et pourra apporter des informations scientifiques aussi qualitatives aux décideurs politiques, qui en ce moment même légifèrent pour endurcir les réglementations propres aux cigarettes électroniques et autres produits du vapotage.
Une lutte des chercheurs pour obtenir des fonds
« Bien qu’il soit clair que notre travail est loin d’être terminé, en 2023, tous les groupes de revue Cochrane basés au Royaume-Uni ont vu leur financement interrompu. Le soutien éditorial aux revues Cochrane est désormais centralisé et les auteurs intéressés doivent contacter Cochrane en premier lieu pour proposer de nouvelles revues ou des mises à jour. Cela dit, nous (les trois auteurs de cet article) restons activement impliqués dans les revues Cochrane sur le tabac et sommes très ouverts aux demandes de soutien et de collaboration. Nous continuons également à produire des revues financées par des partenaires externes. […] Nous espérons continuer à soutenir la recherche, la politique et la pratique de la lutte antitabac par le biais de revues systématiques de haute qualité, impartiales et rigoureuses pour les années à venir. »
Voici ce qu’ont déclaré les trois auteurs de la dernière publication du CTAG, informant d’un financement désormais centralisé, obligeant les chercheurs à aller chercher par leurs propres moyens des fonds qui leur permettront de continuer à produire leurs revues.
La cigarette électronique, l’un des moyens les plus efficaces pour arrêter de fumer
Effects of interventions to combat tobacco addiction : Cochrane update of 2021 to 2023 reviews, dernière revue systématique sur les moyens efficaces pour arrêter de fumer du Cochrane Tobacco Addiction Group, a pour source l’ensemble des connaissances sur le sujet disponibles entre 2021 et 2023. Elle résulte de la publication de cinq nouvelles revues, de la mise à jour de huit autres, et de leur synthèse. Comme les précédentes, cette ultime revue s’intéresse de près à l’efficacité de la vape dans l’arrêt du tabac. Ses résultats renforcent ceux précédemment obtenus. Le CTAG conclue de manière similaire que la cigarette électronique avec nicotine est l’un des moyens les plus efficaces pour arrêter de fumer, avec la varénicline et la cytisine.
« Les données de la revue ont montré que toutes les principales pharmacothérapies (varénicline, cytisine, bupropion et thérapie de remplacement de la nicotine [TRN], en particulier lorsque les patchs sont combinés avec des formes à action rapide comme la gomme) sont efficaces pour arrêter de fumer, tout comme les cigarettes électroniques à la nicotine. »
« Les données suggèrent une ampleur similaire des effets de la varénicline, de la cytisine et des cigarettes électroniques à la nicotine ; celles-ci sont apparues comme les traitements les plus efficaces. »
Une conclusion qui corrobore les résultats de l’essai clinique randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo Electronic Cigarettes vs Varenicline for Smoking Cessation in Adults, qui compare l’efficacité des cigarettes électroniques à celle de la varénicline chez des adultes, présentés dans cet article. La varénicline ayant été retirée du marché français en raison de la présence à un taux anormalement élevé dans certains lots de N-nitroso-varénicline, un substance probablement cancérogène pour l’Homme, et la cytisine n’étant pas encore autorisée à y entrer, la cigarette électronique avec nicotine est le seul parmi les trois moyens les plus efficaces pour arrêter de fumer d’après le CTAG qui est actuellement disponible en France.
La thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) n’obtient pas d’aussi bons résultats, encore une fois. L’écart d’efficacité est plus important dans le cas d’une TRN avec un seul substitut nicotinique. Les TRN combinant un substitut à action rapide (gomme, pastille ou spray) et patchs transdermiques font mieux, frôlant le niveau d’efficacité de la varénicline, de la cytisine et des cigarettes électroniques nicotinées, sans toutefois l’atteindre.
Efficace et moins dangereux que le tabac
Les experts du CTAG ont également conclu à une amélioration de la santé des fumeurs qui arrêtent le tabac à l’aide de la cigarette électronique nicotinée, même en cas de maintien de la consommation de quelques cigarettes en plus de la vape les premiers temps du sevrage, en précisant toutefois que les dommages réduisent bien entendu davantage lorsque l’arrêt tabagique est total. Des dommages réduits même dans le cas d’une utilisation longue durée de la cigarette électronique.
« Arrêter de fumer améliore la santé mentale et réduit les événements cardiovasculaires et la mortalité chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires. »
« Les analyses secondaires de la revue Cochrane sur les cigarettes électroniques pour arrêter de fumer ont montré que plus de la moitié des participants assignés aux conditions de cigarette électronique les utilisaient encore après six mois ou plus, que les biomarqueurs de dommages potentiels diminuaient significativement chez les personnes passant du tabagisme au vapotage ou à la double utilisation. […] Ces résultats devraient rassurer sur le fait que la fourniture de cigarettes électroniques aux fumeurs n’est pas susceptible d’entraîner une exposition accrue aux produits chimiques nocifs, même si la consommation de cigarettes persiste. »
Dernière revue Cochrane : un autre résultat à retenir
La dernière revue du Cochrane Tobacco Addiction Group apporte aussi des informations utiles à propos d’une autre approche dans le sevrage tabagique, basée sur des interventions comportementales et des incitations financières.
Les experts ont trouvé qu’elle constituait une autre aide pour augmenter les taux d’arrêt du tabac, et ce indépendamment d’une pharmacothérapie, sans augmentation des effets nocifs. Pour autant, le CTAG évoque des domaines de recherche à approfondir.
Il s’agit des effets d’une personnalisation de ces interventions, de l’impact d’une délivrance par SMS, e-mail et enregistrement audio et de vérifier si une combinaison améliorerait l’efficacité, de ce qui se passe lorsque ces interventions comportementales sont combinées à des incitations financières, mais aussi du rôle à jouer du contenu des interventions, et enfin de l’impact de l’auteur des interventions, pour constater si l’efficacité change s’il s’agit d’un professionnel de santé ou non.
Les dernières conclusions et recommandations du Cochrane Tobacco Addiction Group
« Les traitements de substitution à la nicotine (en particulier les timbres combinés à des formes à action rapide), la varénicline, la cytisine, le bupropion, les cigarettes électroniques à la nicotine, les conseils comportementaux et les incitations financières sont autant de moyens efficaces pour aider les gens à arrêter de fumer. »
Si les conclusions du Cochrane Tobacco Addiction Group sont claires, les chercheurs ont également formulé des recommandations pour approfondir encore davantage les connaissances sur l’accompagnement de l’arrêt tabagique.
Le CTAG recommande notamment de réaliser des essais de pharmacothérapies pour comparer la varénicline et la cytisine, avec différents dosages et durées, mais aussi de tester des combinaisons de pharmacothérapies et leur sécurité.
Le Cochrane Tobacco Addiction Group rappelle également que les cigarettes électroniques sont un domaine de recherche prioritaire pour les politiques, et que la recherche doit continuer pour répondre aux questions en suspens à leur sujet. Le CTAG recommande notamment d’étudier l’utilisation à long terme des e-cigarettes, différents types de matériel, et de rechercher comment maximiser leur efficacité comme aide dans le sevrage tabagique.
Les chercheurs évoquent enfin l’existence de deux revues Cochrane encore en cours, dont la publication est prévue pour fin 2024/début 2025. L’une d’elle s’intéresse à l’impact de l’utilisation et de la disponibilité des CE sur les taux de tabagisme chez les jeunes. L’autre aux moyens efficaces pour aider les vapoteurs à arrêter la cigarette électronique. Deux publications que nous suivrons de près.
J’étais un très gros fumeur
Ayant connu les toutes premières cigarettes électroniques qui n’était pas ce qu’elle sont maintenant,
Je peux dire à mon niveau,
En étant très bien orienté (c’est primordial)
La cigarette électronique aujourd’hui est bien un moyen de Sevrage,
Car pour Moi cela à fonctionné et je l’ai su dès le lendemain,
Cela fait bientôt trois ans que je n’ai pas fumé.merci