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Sevrage tabagique : la cigarette électronique vaut la varénicline

Sevrage tabagique : la cigarette électronique vaut la varénicline

Le 17 juin dernier, une équipe de chercheurs finlandais, dont Anna Tuisku, ont publié dans le JAMA Internal Medicine les résultats d’une étude très attendue dédiée au sevrage tabagique nommée Electronic Cigarettes vs Varenicline for Smoking Cessation in Adults.

Il s’agit du premier essai clinique randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo qui compare l’efficacité des cigarettes électroniques à celle de la varénicline chez des adultes.

Il conclut que, pour un sevrage tabagique, la cigarette électronique vaut la varénicline, et vient ainsi confirmer les résultats de la dernière méta-analyse Cochrane tout en apportant de nouvelles précisions.  


Une information utile en l’absence de varénicline (Champix®) en France

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L’étude finlandaise Electronic Cigarettes vs Varenicline for Smoking Cessation in Adults, qui compare l’efficacité de la cigarette électronique nicotinée avec celle de la varénicline dans le cadre d’un sevrage tabagique, apporte des résultats prometteurs pour les fumeurs français.

Car la varénicline, ingrédient actif du médicament Champix® du laboratoire Pfizer, n’est toujours pas disponible en France, ce dernier ayant été retiré du marché en raison de la mise en évidence de N-nitroso-varénicline, une nitrosamine classée parmi les substances probablement cancérogènes pour l’Homme, à un taux anormalement élevé, dans certains lots. Aucune date de retour n’a pour le moment été communiquée par Pfizer pour la France.

Les fumeurs français fortement dépendants, détenant un score supérieur à 7 au test de Fagerström, en échec de sevrage avec des substituts nicotiniques, qui avaient obtenu une prescription de varénicline, ne peuvent plus avoir accès à cet agoniste partiel des récepteurs nicotiniques cérébraux. Il n’existe pas pour l’heure d’alternative thérapeutique équivalente qui peut leur être proposée, le Bupropion (Zyban®, Wellbutrin®), étant moins efficace d’après la méta-analyse Cochrane. La cigarette électronique pourrait changer la donne pour ces derniers.

La cigarette électronique vaut la varénicline pour le sevrage tabagique

La cigarette électronique vaut la varénicline pour le sevrage tabagique

Nous vous parlions de résultats prometteurs pour l’étude finlandaise Electronic Cigarettes vs Varenicline for Smoking Cessation in Adults. Quels sont-ils exactement ?

La conclusion des chercheurs est simple : l’essai clinique randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo a prouvé que la varénicline et les cigarettes électroniques contenant de la nicotine à 18 mg/mL ont été aussi efficaces l’une que l’autre pour aider certaines personnes à s’abstenir de fumer des cigarettes pendant une période allant jusqu’à 6 mois. Il reste à présent à démontrer si cette efficacité similaire persiste au-delà de six mois.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux d’abstinence tabagique à la semaine 26 était de 43,8 % pour les participants qui ont été traités par varénicline et qui avaient une e-cigarette avec un e-liquide non nicotiné, contre 40,4 % pour les participants qui ont utilisé une cigarette électronique avec un e-liquide nicotiné à 18mg/ml et qui recevaient un comprimé placebo à la place de la varénicline. Une différence non significative, qui dépasse dans les deux cas largement le taux d’abstinence de seulement 19,7 % du groupe contrôle qui, lui, n’avait ni varénicline ni un kit de vape avec un e-liquide nicotiné, mais un comprimé placebo et une e-cigarette avec un e-liquide non nicotiné.

L’essai randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo valide les affirmations de la revue Cochrane

La dernière méta-analyse Cochrane concluait par l’affirmation que les cigarettes électroniques avec nicotine sont non seulement associées à des taux d’abandon du tabac élevés, mais aussi qu’elles font parti des produits les plus efficaces pour le sevrage tabagique, obtenant des résultats similaires à la varénicline, après une présentation de données issues de 319 études analysées :

« Les cigarettes électroniques, la varénicline et la cytisine sont les plus susceptibles d’aider les gens à arrêter de fumer. Pour 100 personnes, 10 à 19 sont susceptibles d’arrêter de fumer en utilisant une cigarette électronique, 12 à 16 en utilisant la varénicline, et 10 à 18 en utilisant la cytisine. Ceci est à comparer aux 6 personnes sur 100 susceptibles d’arrêter de fumer si elles n’utilisent ni médicament, ni cigarette électronique ni placebo. »

Pour autant, l’équipe de chercheurs menée par Anna Tuisku en Finlande déplorait l’absence dans la littérature scientifique d’un essai randomisé en double aveugle contrôlé par placebo comparant les cigarettes électroniques et la varénicline sur une longue période en tant que méthode de sevrage tabagique. C’est chose faite désormais, avec des résultats qui permettent de confirmer ceux présentés dans la dernière revue Cochrane, tout en précisant que l’efficacité de la cigarette électronique et de la varénicline est similaire sur une période de six mois.

Quelle méthodologie pour cette étude qui compare l’efficacité de la molécule du Champix® à celle de la vape ?

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Sur la base d’une hypothèse affirmant qu’un traitement par varénicline associé à un entretien motivationnel offrirait de meilleurs résultats sur des fumeurs de longue durée que l’utilisation d’une cigarette électronique avec un e-liquide nicotiné combinée à un entretien motivationnel, Anna Tuisku et une équipe de chercheurs finlandais ont décidé de procéder à un essai randomisé en double aveugle contrôlé par placebo pour la vérifier, pendant une phase d’intervention de 12 semaines.

458 adultes (257 femmes et 201 hommes) âgés de 25 à 75 ans ont pu être sélectionnés entre août 2018 et février 2020 parce qu’ils cochaient toutes les cases attendues : fumer quotidiennement depuis plus de 10 ans, consommer plus de 10 cigarettes par jour depuis au moins 5 ans, avoir une dépendance nicotinique modérée à élevée au test de Fagerström, et être motivés à arrêter de fumer.

Les participants ont ensuite été assignés par randomisation en bloc en trois groupes différents. Les participants du groupe n°1 utilisèrent sans le savoir une cigarette électronique et du e-liquide dosé à 18mg/ml ainsi que des comprimés placebo. Les participants du groupe n°2 eurent sans le savoir de la varénicline et une cigarette électronique avec du e-liquide non nicotiné. Les participants du groupe n°3 furent le groupe contrôle, et il leur fut remis uniquement des comprimés placebo et une cigarette électronique avec du e-liquide non nicotiné. Tous bénéficièrent de 8 sessions de 30 minutes d’entretien motivationnel pendant 12 semaines et furent suivi pendant 52 semaines. L’analyse des données récoltées fut menée du 1er septembre 2022 au 15 janvier 2024.

Des études complémentaires nécessaires ?

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Suite à la parution de l’étude finlandaise, des cancérologues, les docteurs Mehmet Sitki Copur et Soe Min Tun du Mary Lanning Healthcare Morrison Cancer Center situé dans le Nebraska, aux Etats-Unis, sont intervenus pour rappeler que commencer une thérapie de varénicline une semaine avant la date d’arrêt du tabac fonctionne davantage qu’une prise au moment de l’arrêt, car cela permet d’aider à bloquer les effets gratifiants de la nicotine et peut même conduire à une extinction partielle du comportement tabagique.

Ils ont demandé si cette pratique avait été respectée dans le cadre de l’essai clinique finlandais. Aucune réponse n’a encore été publiée en retour par les chercheurs. Si elle s’avérait négative, la réalisation d’un nouvel essai clinique randomisé en double aveugle avec, pour le groupe témoin auquel il doit être administré de la varénicline, une prise antérieure de sept jours à l’arrêt tabagique, permettrait de déterminer si la cigarette électronique obtient encore d’aussi bons résultats que ce médicament sur une période de six mois lorsqu’il est donné de façon à optimiser son efficacité.

Deux méthodes, deux coûts

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Avant son retrait du marché français, la varénicline (Champix®) était remboursable à 65% par l’Assurance maladie dans le cadre d’une prescription de seconde intention dans le cadre d’un sevrage tabagique, le reste pouvant être pris en charge par les complémentaires santé.

Dans les pays qui ne disposent pas d’une protection sociale équivalente, tel qu’aux Etats-Unis, seules certaines couvertures d’assurances contractées par les patients permettent une prise en charge partielle. Or, un traitement de 12 semaines avec le médicament Champix® à raison de deux comprimés de 0,5mg deux fois par jour après une semaine d’augmentation posologique nécessite 6 boîtes et coûte 330 € (en raison d’un coût de 54,98 € la boîte de 56), contre un coût pouvant varier entre 100 € et 280 €, en fonction du type de matériel acheté et de la quantité d’e-liquides consommée, pour 12 semaines de vapotage.

La cigarette électronique est donc, pour une efficacité équivalente, à coût moindre que la varénicline dans le cadre d’un sevrage tabagique, hormis dans le cadre d’une prise en charge. Certains médecins redoutent que la divulgation des résultats de l’étude finlandaise entraîne un détournement de ce médicament au profit de la vape dans les pays où la varénicline n’est pas ou peu remboursée, et ce malgré le maintient d’une prise nicotinique avec la cigarette électronique qui n’est pas présent avec la varénicline, puisque ce traitement ne contient pas de nicotine.


L’Organisation Mondiale de la Santé tait l’efficacité des cigarettes électroniques

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Malgré l’accumulation des preuves de l’efficacité des cigarettes électroniques dans le cadre d’un sevrage tabagique, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) demeure malheureusement encore bouche cousue sur le sujet.

Parues le 02 juillet dernier, les lignes directrices de l’OMS sur le traitement clinique du sevrage tabagique chez l’adulte ne comportent pas un mot sur les recherches scientifiques qui ont démontré l’efficacité équivalente des cigarettes électroniques par rapport à la Varénicline, et supérieure aux substituts nicotiniques, pour le sevrage tabagique. La méta-analyse Cochrane, pourtant une véritable référence scientifique fiable sur le sujet, n’est jamais citée, comme si elle n’existait pas.

Le Fonds Addict’AIDE, présidé par le Professeur Amine Benyamina, psychiatre, addictologue, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’Hôpital Paul Brousse à Villejuif, et président de la Fédération française d’addictologie, qui a relayé les résultats de l’étude sur la toile dans une démarche d’information citoyenne, a réagi en dénonçant un mensonge par omission.

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