Pour atteindre son objectif « 2025 sans tabac » annoncé dès 2011, et faire tomber les fumeurs du pays sous la barre des 5 %, la Nouvelle-Zélande a annoncé son nouveau plan d’action Smokefree le 9 décembre dernier.
Son projet d’interdire les cigarettes aux futures générations a fait couler beaucoup d’encre sur la toile, compte-tenu de son caractère inédit. Son seuil fixé à 5 % secoue, car les taux de tabagisme stagnent ailleurs à des niveaux bien plus élevés. Partout ailleurs ? Non : seulement dans les pays qui ne reconnaissent pas encore la réduction des risques apportée par la cigarette électronique.
Très peu d’articles mentionnent pourtant que la nouvelle stratégie anti-tabac de la Nouvelle-Zélande s’appuie sur de bons résultats depuis 2017, obtenus grâce à une juste promotion des produits du vapotage. Cette stratégie se veut globale. Elle repose en effet sur un panel d’actions complémentaires, uniquement rendues possibles par tout un travail effectué en amont sur la vape dans le pays. Le plan Smokefree 2025 annonce d’ailleurs dès l’introduction :
« Aucune intervention seule ne nous aidera à atteindre un objectif sans fumée en 2025. Il faut une approche multidimensionnelle et des mesures fondées sur des preuves pour éradiquer le tabagisme »
En quoi consiste l’approche multidimensionnelle de lutte contre le tabagisme annoncé par la Nouvelle-Zélande ? En quoi la vape a-t-elle un rôle central à y jouer ? Pourquoi la Nouvelle Zélande fait-elle le choix judicieux de sortir d’une politique purement répressive ? Par ici pour le découvrir.
2025 Sans Tabac en Nouvelle-Zélande :
monter les prix ne suffira pas
« Le gouvernement reconnaît qu’aller plus loin [dans les hausses de prix] n’aidera pas les gens à arrêter de fumer, il ne ferait que punir davantage les fumeurs qui ont du mal à arrêter de fumer ».
Ayesha Verall, ministre de la Santé Néo-Zélandaise, soulève ici un problème important : celui du rapport entre tabagisme et précarité. Le gouvernement a en effet subi le plus gros échec de sa politique de répression unique du tabagisme au sein de la population maorie, la plus vulnérable du pays, et donc logiquement la moins à même d’acheter un paquet de cigarette à 35 $NZ, soit 21 €.
Le palier de stagnation du tabagisme en Nouvelle-Zélande était réel depuis 2013 malgré les prix en hausse : la mesure n’était plus productive. La Nouvelle-Zélande a donc décidé de sortir de l’impasse en cessant de suivre le modèle Australien répressif, adopté dans les années 2000. Un exemple basé sur des taxes du tabac, un emballage neutre pour les cigarettes et des interdictions de fumer dans les espaces publics. Le gouvernement Néo-Zélandais a également décidé de faire marche arrière sur de nombreuses mesures anti-vape, et de reconnaître la réduction des risques, comme l’annonçait Jacinda Ardern, la Première Ministre :
« Aujourd’hui, nous traçons une ligne dans le sable, pour dire que continuer à augmenter les prix ne continuera pas à ce stade à aider les gens à arrêter de fumer. Et maintenant, nous devons donc examiner les alternatives. Nous avons fait tout ce que nous pouvions à ce niveau et ce plan d’action concerne la suite ».
« Tout le monde s’accorde à dire que nous devons faire plus pour essayer de réduire le nombre de personnes qui commencent à fumer et, s’ils fument, trouver des alternatives plus sûres et des moyens d’arrêter et c’est de cela dont il s’agit ».
Taxer pour réduire le tabagisme : une impasse en France aussi
La présence d’un palier de stagnation du tabagisme en cas de politique uniquement répressive n’est pas qu’un problème Néo-Zélandais ou Australien. En France, la situation est similaire. En trois ans, des dizaines de hausses de taxes ont été appliquées dans le pays. Le prix moyen d’un paquet de cigarettes a augmenté de 50 %. Mais le nombre de fumeurs n’a pas chuté proportionnellement. Les fumeurs français ont continué de s’approvisionner en cigarettes, mais aux frontières. Un fait relevé et dénoncé par la Société nationale d’Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes (SEITA).
Pourtant, la France accompagne elle-aussi les fumeurs dans la sortie du tabagisme, avec son opération annuelle Mois Sans Tabac. Visiblement pas suffisamment. Depuis 5 ans, le nombre de participants à l’opération ne cesse de décroître. Ils étaient 250 000 en 2016. Ils n’étaient plus que 100 000 en 2021. Pourtant, l’initiative suit le Stoptober britannique, lui à succès grandissant. Oui, mais la différence tient dans la valorisation de la réduction des risques, et dans la l’information des fumeurs au sujet de la cigarette électronique. L’approche de la Nouvelle-Zélande envisagée pour son plan 2025 Sans Tabac, dans la lignée de celle du Royaume-Uni, est donc vouée au succès. Quel dommage qu’en France on ne le réalise pas !
Miser sur la cigarette électronique : la décision Néo-Zélandaise
Dans une interview à 1 News, le Pr Robert Beaglehole, président d’Action for Smokefree 2025 (ASH) a ainsi révélé que le nouveau plan d’action contre le tabagisme en Nouvelle-Zélande aller instaurer de grands changements en passant de la répression à l’accompagnement des fumeurs :
« Nous avons beaucoup poussé, stigmatisé, pénalisé les fumeurs de cigarettes. Maintenant, nous allons les aider, les soutenir, leur permettre d’arrêter plus facilement et de passer à des produits moins nocifs. On change vraiment les règles du jeu. »
Miser sur la réduction des risques et sur la cigarette électronique est l’approche choisie par la Nouvelle-Zélande. Une décision très différente de celle prise par les pays de l’Union Européenne, toujours tentés d’interdire les arômes et de priver ainsi les fumeurs d’un choix de produits qui a un rôle non négligeable dans l’efficacité de la vape dans l’arrêt du tabac.
En 2017, la Nouvelle-Zélande a levé l’interdiction de vente d’e-liquides nicotinés. Ce n’était pas suffisant. En 2019, le site Vaping Fact était lancé, soutenu par le Ministère de la Santé du pays, pour informer la population sur la cigarette électronique comme produit à risques réduits et outil d’aide au sevrage tabagique. Le pays mise ainsi sur une information responsable, qui rappelle que la cigarette électronique n’est pas dénuée de risque pour les non-fumeurs, mais qu’elle est un produit à risques réduits pour les fumeurs, efficace pour sortir du tabagisme. L’information sur la réduction des risques existe ainsi en Nouvelle-Zélande et n’est pas taboue comme chez nous.
Désormais, le gouvernement Néo-Zélandais va encore plus loin. Une campagne nationale dans les médias du pays encourage la population de fumeurs à utiliser la vape pour arrêter le tabac. La Nouvelle-Zélande autorise aussi les détaillants de cigarettes électroniques, d’e-liquides et de produits de vapotage pour le DIY à afficher deux messages :
« Remplacer complètement votre cigarette par la vape réduira les dommages pour votre santé »
« Si vous fumez, passer complètement au vapotage est une option beaucoup moins nocive. »
Pour une vape efficace contre le tabac,
des produits du vapotage sans restriction
Il n’y pas que du point de vue de la communication que la vape est traitée différemment entre la Nouvelle-Zélande et les pays de l’Union Européenne, depuis des modifications de loi (art.73) entrées en vigueur le 9 août dernier. En effet, en Nouvelle-Zélande, la vape est désormais autorisée à des taux de nicotine supérieurs. Jusqu’à 50 mg/ml en sels de nicotine et 20 mg/ml en nicotine basique. La teneur totale par contenant est, elle, limitée à 1,8 gr de nicotine.
Autre différence qui adviendrait entre la Nouvelle-Zélande et l’Europe si l’interdiction des arômes était votée par le Parlement Européen en plénière : le choix des produits disponibles en fonction des points de vente. En effet, grâce à un statut spécifique, les magasins de vape spécialisés de Nouvelle-Zélande sont autorisés à présenter et proposer des e-liquides dans toutes les saveurs disponibles, sans restriction. Seuls les magasins généralistes, pas assez qualifiés pour accompagner les fumeurs, sont limités aux arômes tabac, menthe et menthol et soumis à une interdiction d’exposer tout produit de vapotage. Encore une fois, l’intelligence est donc de mise dans le choix des mesures, compte-tenu de l’importance du choix de la bonne cigarette électronique et du bon e-liquide dans l’aide au sevrage tabagique, et la nécessité des conseils de vrais professionnels de la vape pour un bon accompagnement.
Vapoter pour sortir du tabac fait la différence
en Nouvelle-Zélande
L’intégration du vapotage comme aide à l’arrêt tabagique ayant déjà porté ses fruits en Nouvelle-Zélande, c’est tout naturellement que le pays souhaite poursuivre dans cette voie. Depuis la mise en place l’été dernier du programme « Vape to quit strong » par le gouvernement New Zélandais, le pays a en effet enregistré en un an la plus grande baisse du tabagisme de son histoire, la consommation de tabac quotidienne étant passée de 12 % en 2020 à 9 % en 2021. Le taux d’arrêts tabagiques du pays a fait l’inverse et atteint des sommets : 16 % des tentatives en 2021. La Nouvelle-Zélande a donc des faits concrets prouvant l’utilité de sa politique de réduction des risques. La Première ministre Jacinda Ardern s’est récemment exprimée dans les médias à ce sujet :
« Nous voyons déjà que le vapotage est utilisé par les gens pour arrêter de fumer. Cela nous permet en fait d’aller de l’avant avec d’autres actions pour réduire le tabagisme, car il existe une alternative qui fonctionne très bien pour les gens afin d’arrêter de fumer. Nous savons que le vapotage fait une différence pour ceux qui veulent maintenant arrêter de fumer, c’est donc un outil important ».
Particulièrement vulnérable au tabagisme, car touchée par la précarité, la population maorie a elle aussi bénéficié de la reconnaissance de la réduction des risques par le gouvernement Néo-Zélandais et de son programme « Vape to quit strong ». En 2012, 38 % des Maoris fumaient quotidiennement. Ce taux a chuté à 29 % en 2020, puis encore à 22 % en 2021. Le taux de vapotage quotidien, lui, a augmenté en parallèle, en passant de moins de 2 % en 2015 à un peu plus de 5 % en 2020, puis à plus de 12 % en 2021. Des données qui semblent là encore indiquer une corrélation.
Contrer le tabagisme des nouvelles générations
en Nouvelle Zélande : interdire la cigarette, point.
Et pour la jeune population, si chère aux yeux de nos dirigeants européens, que compte-faire la Nouvelle-Zélande ? Le pays doit-il craindre une épidémie de vapotage chez les adolescents, compte tenu de sa politique qui accorde une bonne place à la cigarette électronique, et de l’attractivité de certains arômes, dénoncée par l’OMS et le comité BECA de la Commission Européenne pour son Plan cancer ?
Les données recueillies par la Nouvelle Zélande prouvent que non. La dernière enquête annuelle ASH (Action for Smokefree 2025) auprès d’étudiants âgés de 14 et 15 ans montre des taux de tabagisme en baisse chez les adolescents du pays depuis les mesures prises par le gouvernement, mais pas seulement. Le vapotage n’a pas non plus été adopté par les non-fumeurs adolescents, pourtant nombreux à avoir pris une bouffée pour voir ce que ça fait. En revanche il a été saisi massivement par les adolescents fumeurs, qui ont donc abandonné la clope pour un produit à risques réduits. Il faudrait penser à envoyer ces données au Parlement Européen ! Par conséquent, et à juste titre, Ayesha Verrall, Ministre de la Santé de Nouvelle-Zélande, a un seul angle d’attaque pour protéger les jeunes populations du tabac :
« Nous voulons nous assurer que les jeunes ne commencent jamais à fumer ».
Pour ce faire, la Nouvelle-Zélande va interdire la vente de cigarettes à sa prochaine génération, ce qui contribuera à éliminer progressivement le tabagisme. Plus précisément, toute personne née après le 1er janvier 2009 ne pourra plus acheter de cigarettes ou d’autres produits contenants du tabac, en vertu d’une loi qui sera promulguée l’année prochaine. Une mesure choc sur le papier, qui a beaucoup fait couler d’encre. Ce n’est pourtant pas la plus importante pour réduire l’attractivité des cigarettes auprès des non-fumeurs.
Nouvelle-Zélande : miser sur la vape oui, mais
réduire l’attractivité des cigarettes aussi
Le Plan Smokefree 2025 de la Nouvelle-Zélande consacre deux points de son programme à la réduction de l’attractivité des cigarettes, pour aider les fumeurs à arrêter de fumer et éviter aux non-fumeurs de commencer et de devenir dépendant :
« Rendre les produits du tabac fumés plus difficiles à acheter en réduisant le nombre de magasins qui les vendent et en lançant une génération sans fumée. »
« Ne vendre que des produits du tabac fumé à faible teneur en nicotine et limiter les caractéristiques de conception des produits qui augmentent leur attrait et leur caractère addictif. »
Plus précisément, la Nouvelle-Zélande prévoit de conserver le prix actuel, déjà élevé, appliqué aux paquets de cigarettes, et de faire chuter le nombre de points de vente de tabac de 8000 à 500 environ. Mais surtout, elle souhaite interdire les cigarettes traditionnelles pour les remplacer par des cigarettes VLNC (Very Low Nicotine Content), dont le tabac transgénique ne contient que 0,05 % de nicotine au lieu des 1 à 2 % habituels. Quel intérêt quand on sait que le principal risque pour la santé ne vient pas de la nicotine mais de la combustion, responsable de la libération de substances très néfastes aux poumons et au système cardiovasculaire, comme les goudrons ?
La mise sur le marché de cigarettes VLNC en Nouvelle-Zélande
L’intérêt des cigarettes VNLC est de ne laisser sur le marché qu’un produit insatisfaisant, pour ne jamais donner aux non-fumeurs l’envie d’essayer, et pour inciter les fumeurs à se tourner vers un autre type de produit nicotiné. Dans ce cas précis, vous l’aurez compris : la cigarette électronique et ses e-liquides nicotinés. Car le gouvernement Néo-Zélandais n’est pas inconscient des risques d’une telle mesure : l’essor d’un marché noir du tabac. La condition sine qua non à la réussite d’un tel projet est donc de proposer en parallèle des produits plus satisfaisants, mais à risques réduits : ceux du vapotage. Le risque est ainsi mesuré, compte-tenu de la dynamique de passage de la cigarette à la vape déjà en cours dans le pays.
Bien sûr, dans cette démarche, les cigarettes VLNC seront appelées à disparaître, faute de marché. C’est pourquoi mettre en place cette mesure ne sera pas une mince affaire, puisqu’elle va à l’encontre des intérêts des cigarettiers et des pays producteurs de tabac. L’industrie pharmaceutique pourrait également s’y opposer. Une affaire à suivre l’an prochain, lorsque les mesures seront proposées au Parlement du pays.
La Nouvelle-Zélande ouvre ainsi la voie à une politique anti-tabac globale, qui vise à réduire l’attractivité des cigarettes pour les jeunes générations et les fumeurs sans laisser ces derniers sans solution d’accompagnement. Elle mise sur un substitut nicotinique qui a fait ses preuves : la vape, et compte sur elle pour détourner les fumeurs de cigarettes moins fortes en nicotine, mais aussi de celles aux taux convenables proposées sur le marché noir.
Ainsi, l’interdiction des cigarettes annoncée est loin d’être uniquement ce qu’il faut retenir de la politique de lutte contre le tabagisme en Nouvelle-Zélande. Nous saluons la mise en place dans ce pays de mesures justes d’après des données prouvant leur bien-fondé, et le respect du devoir d’information des populations sur la réduction des risques par ses autorités sanitaires. La France devrait en prendre de la graine. Claude Bamberger, président de l’Aiduce, rappelle à ce sujet dans une interview pour Vap’you :
« Sans même aller à parler d’éthique, informer les consommateurs des risques associés à la consommation des différents produits sur le marché, avec sincérité et l’attention des proportions (nature des dangers, taille d’effet concernant le risque, proportion entre les risques de la vie courante) est la mission même des autorités (sanitaires ici), et des fabricants/commerçants. Mentir au consommateur (en exagérant le risque ou en le minimisant) est du même ordre que l’escroquerie, et mentir au citoyen de l’ordre du charlatanisme. »
Qu’ajouter de plus à cela ?