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Bientôt l’interdiction des cigarettes électroniques puffs ?

Bientôt l'interdiction des cigarettes électroniques puffs ?

Le lendemain de l’annonce d’une interdiction des cigarettes électroniques puffs par l’Australie, le ministre de la Santé français, François Braun, a déclaré sur France Inter être favorable à l’interdiction de ces petites e-cigarettes jetables, prêtes à la consommation et abordables. La fin de la puff devrait se concrétiser en France avant la fin de l’année 2023.

Déjà critiquées par François Braun le 14 février sur France info, les puffs bars sont la cible de nombreuses attaques en France, mais aussi hors hexagone. Pourquoi ? Quelle forme prendra l’interdiction en France ? Par ici pour un point complet de cette actualité.


Une tribune pour l’interdiction des cigarettes électroniques puffs

Une tribune pour l'interdiction des cigarettes électroniques puffs

Le 30 avril dernier, l’Alliance contre le tabac, la Surfrider Foundation Europe et une vingtaine de médecins, tabacologues et défenseurs de l’environnement ont appelé, dans une tribune parue dans Le Monde, à l’interdiction des cigarettes électroniques puffs, présentées comme « un fléau environnemental et sanitaire ».

En cause ? Leur composition et leur caractère non rechargeable, contraire à l’esprit de la loi Antigaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 et de toutes les initiatives prises en France pour en finir avec les produits à usage unique, particulièrement polluants, constituant un risque majeur pour la biodiversité lorsqu’ils se retrouvent en tant que déchets plastiques et électroniques en pleine nature, et plus particulièrement sur les plages.

Mais pas seulement. Cette tribune fait en effet suite à un communiqué de presse d’Alliance contre le tabac qui demandait déjà, le 25 octobre 2022, d’interdire les cigarettes électroniques jetables, en raison d’une popularité inquiétante de ces produits auprès des adolescents français alors même que leur taux de nicotine, pouvant aller jusqu’à 20 milligrammes/millilitre, suffit, d’après leurs dires, pour développer une « forte dépendance » et « constituer une porte d’entrée vers le tabagisme ». 

Le Ministre de la Santé semble avoir désormais pris en compte cette revendication.

Le ministre de la Santé, « favorable à l’interdiction des puffs »

Le ministre de la Santé, "favorable à l'interdiction des puffs"

Le mercredi 3 mai 2023 sur France Inter, l’avis du ministre de la Santé a été demandé au sujet de la tribune parue quelques jours auparavant dans le journal Le Monde. François Braun s’est alors exprimé au sujet de l’interdiction demandée des puff bars, ces fameuses e-cigarettes jetables dans le viseur de l’Alliance contre le Tabac et des autres signataires.

« Je suis favorable à l’interdiction des puffs parce que les puffs amènent une partie jeune de notre population vers le tabagisme. Ce tabagisme est un fléau. C’est 75 000 morts par an, je le rappelle. Je suis favorable pour travailler avec les parlementaires sur l’interdiction de ces puffs. »

François Braun.

Une déclaration qui ne laisse plus de doute sur le sort que réservera la France aux cigarettes électroniques puffs, qui avaient déjà fait l’objet d’une proposition d’interdiction signée par une trentaine de députés de tous bords politiques, déposée à l’Assemblée nationale en novembre 2022, mais laissée sans suite. Cette fois, elles seront impactées par des textes de lois.

Une interdiction des cigarettes électroniques puffs annoncée avant la fin 2023

Une interdiction des cigarettes électroniques puffs annoncée avant la fin 2023

François Braun a déclaré vouloir travailler à l’interdiction des cigarettes électroniques puffs avec les parlementaires dans le cadre du nouveau plan antitabac 2023-2028, qui se met actuellement en place.

Le ministre de la Santé a plus précisément évoqué une interdiction avant la fin de l’année 2023 grâce à « un cadre de lois qui arrive », avec notamment le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ainsi que d’autres lois qui permettront au ministre et aux parlementaires de travailler sur le sujet des puffs bars.

Le compte à rebours a donc d’ores et déjà commencé en France pour la puff et ses multiples saveurs, jugées bien trop attractives pour les adolescents. Le Ministre de la Santé a ainsi décidé de ne pas attendre l’instauration d’une éventuelle interdiction des arômes prisés par les jeunes par la Commission Européenne mais d’agir sans plus tarder à l’échelle nationale.

Cigarettes électroniques puffs : un vrai danger pour les mineurs ?

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Facile d’accès et d’utilisation, et sans investissement, la puff a rapidement connu un succès sur le marché français et contribué à aider les fumeurs les moins à l’aise avec les cigarettes électroniques à passer un cap dans l’arrêt du tabac. Seulement, il est reproché aux cigarettes électroniques puffs d’attirer aussi des collégiens et des lycéens.

La facilité déconcertante à se procurer ces produits malgré une interdiction de vente aux mineurs, ainsi que des stratégies marketing qui cibleraient les jeunes à travers des emballages de couleurs vives et des arômes issus des confiseries tek que cola, barbe à papa ou encore choco-noisette, sont particulièrement jugées problématiques par ses détracteurs.

Les signataires de la tribune parue dans le journal Le Monde évoquent des chiffres inquiétants pour justifier leur demande d’une interdiction des cigarettes électroniques puffs. Des chiffres issus en partie du dernier rapport ESCAPAD de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), mais sortis d’un contexte bien plus rassurant.

Que disent les chiffres ?

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Entre 2017 et 2022, l’utilisation de la cigarette électronique (y compris des puffs bars, mais dans quelle proportion ?) par les adolescents a triplé, mais dans un contexte positif de recul continu du tabagisme des adolescents depuis la démocratisation de la cigarette électronique en France observé par l’OFDT. Une donnée qui, énoncée seule, ne permet pas de juger du caractère problématique de cette augmentation, faute de précision sur les motivations de ces jeunes et sur leur caractère de fumeurs ou non fumeurs.

La tribune au « Monde » ne mentionne pas des chiffres plus utiles au débat également issus de ce rapport. Ceux de l’expérimentation de la e-cigarette pour les adolescents non-fumeurs, les seuls potentiellement concernés par le fameux effet passerelle tant redouté. L’OFDT le précise pourtant bien, en chiffrant 24,7 % de jeunes expérimentateurs non fumeurs en 2022 contre 14,6 % en 2017. Le rapport ne précise malheureusement pas si l’essai s’est passé avec une puff ou un autre type de cigarette électronique, même si on peut fortement le supposer compte-tenu de l’attractivité et de l’accessibilité particulières de ces produits qui ne sont pas l’apanage des boutiques spécialisées.

Surtout, les résultats de l’enquête ESCAPAD ne précisent pas si le e-liquide vaporisé lors de l’essai était nicotiné ou non, et donc à risque d’entraîner une dépendance nicotinique problématique chez des mineurs non-fumeurs. Il reste donc des points d’ombre dans le dossier. Le ministre de la Santé, François Braun, n’a cependant pas décidé de les élucider avant d’agir par une mesure coercitive à l’encontre des cigarettes électroniques puffs.

Belgique, Allemagne, Irlande : ces pays d’Europe qui sont en voie d’interdire la puff

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Si en France, les cigarettes électroniques jetables semblent être désormais vouées à disparaître, d’autres pays de l’Union Européenne ont enclenché un processus similaire, tels que la Belgique, qui attend depuis décembre que la Commission Européenne statue sur l’interdiction de la vente des puffs sur le territoire belge, ainsi que l’Irlande, dont le gouvernement a donné son feu vert en novembre pour interdire la vente de cigarettes électroniques, dont les puffs, dans les distributeurs automatiques en libre-service, les points de vente temporaires ou mobiles et dans les lieux ou événements accueillant des enfants.

Plus récemment, l’Allemagne a elle aussi pris à bras-le-corps le problème environnemental et sanitaire des puffs bars. Le 3 mai dernier, les membres du Bundesrat, Conseil fédéral représentant les 16 Länder allemands, ont en effet voté en faveur de l’interdiction des cigarettes électroniques puffs demandée par la Bavière. Le gouvernement dispose désormais de six semaines pour se positionner sur la question, tant à l’échelle nationale qu’européenne. En cas de décision favorable, un texte de loi interdisant ces produits sera soumise au parlement du pays, le Bundestag. Une fois n’est pas coutume, la France semble donc emprunter le même chemin que l’Allemagne.

La fin des puffs bars, aussi en Australie

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Hors Europe, les cigarettes électroniques puffs ne sont pas non plus à la noce. Le 2 mai dernier, le ministre de la santé australien, Mark Butler, a communiqué sa nouvelle réforme contre le tabagisme. Présentée comme la plus grande depuis une décennie, avec un budget de 737 millions de dollars pour 2023-2024, elle ne visera pas que la cigarette, mais aussi le vapotage.

Augmenter la taxe sur le tabac. Accompagner les fumeurs dans leur sevrage. Lancer une grande campagne d’information sur la santé publique afin d’encourager les fumeurs à arrêter le tabac et de décourager les non-fumeurs de commencer un jour à fumer ou à vapoter. Ces mesures anti-tabac seront complétées par une nouvelle législation, des mesures éducatives et d’autres actions de terrain qui transformeront la vape libre en un dispositif médicalisé accessible uniquement sur ordonnance aux fumeurs australiens souhaitant sortir du tabagisme. La vente dans les commerces de détail sera interdite.

Seules les cigarettes électroniques pérennes seront intégrées à ce dispositif, mais subiront des modifications importantes. Des restrictions de saveurs, couleurs et ingrédients, une nouvelle définition des concentrations et des volumes de nicotine autorisés dans la vape, et un emballage pharmaceutique pour ces e-cigarettes ont été annoncés. L’importation de cigarettes électroniques sans ordonnance sera interdite.

Les cigarettes électroniques puffs, à usage unique, seront également bannies d’Australie, pour contrer, d’après le ministre de la santé, une forte expansion du vapotage chez les adolescents :

« Le vapotage est devenu le problème comportemental numéro un dans les lycées. Et il se répand dans les écoles primaires. […] Le vapotage a été vendu aux gouvernements et aux communautés du monde entier comme un produit thérapeutique pour aider les fumeurs de longue date à arrêter. Il n’a pas été vendu comme un produit récréatif – surtout pas destiné à nos enfants, mais c’est ce qu’il est devenu. »

Mark Butler.

Le ministre australien a évoqué plus précisément une augmentation des taux de tabagisme repérée uniquement chez les moins de 25 ans, et déclaré que les jeunes vapoteurs sont trois fois plus susceptibles que les non-vapoteurs de commencer à fumer. La source des données qui lui a permis d’affirmer la présence d’un effet passerelle en Australie n’a, quant à elle, pas été communiquée.


L’avenir de la vape jetable en France, mais aussi ailleurs en Europe et dans le monde, est donc en train de basculer. Si le bien-fondé d’une interdiction des cigarettes électroniques puffs pour des raisons environnementales ne laisse aucun doute, l’argument sanitaire lié à la théorie de la passerelle reste, lui, davantage matière à réflexion faute de statistiques prouvant en France, sans points d’ombre, sa véracité.

Si l’on doit bien sûr rêver à une génération totalement sans nicotine un jour, et à des adolescents qui ne connaîtront jamais l’addiction à cette substance provenant du tabac ou de la cigarette électronique, il semble dangereux d’oublier qu’une addiction à la nicotine vaporisée est (et sera) toujours moins dangereuse qu’une addiction au tabac pour ce même public.

Les cigarettes ne font pourtant pas l’objet d’un débat sur une interdiction, comme c’est le cas pour la cigarette électronique dans sa version jetable. Le combat contre la dépendance nicotinique ne se déroule-t-il pas alors dans le mauvais ordre ? Sans accès à la puff, les adolescents qui souhaitent expérimenter la nicotine facilement abandonneront-ils purement et simplement leur projet sans se mettre davantage en danger ?

Se tourneront-ils vers la cigarette électronique non jetable ? En parleront-ils à un adulte pour avoir accès à un produit fiable, autorisé à la vente en France, ou passeront-ils par le marché noir et ses produits potentiellement dangereux pour une raison d’accessibilité plus facile, pour moins dépenser ou pour que personne de leur entourage ne le sache ?

Abandonneront-ils l’idée d’essayer la vape et se tourneront-ils vers la cigarette ? De ces probabilités, il est malheureusement impossible de prédire laquelle sera la bonne. Si le projet du ministre François Braun n’évolue pas, des éléments de réponse nous parviendront en tout cas après son application à la fin de l’année 2023.

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1 réflexion au sujet de « Bientôt l’interdiction des cigarettes électroniques puffs ? »

  1. Bonsoir ça devient une habitude en France on veut toujours laver plus blanc que blanc et notre spécialité c est l interdiction .comme pour l alcool et le tabac
    en interdisant les puffs on va encourager le trafic depuis les pays limitrophes .double peine pas de rentrée d’argent tva dans les caisses de l état et possibilité aux ados d en trouver partout sans contrôle .ne serais ce pas plus judicieux de faire tout simplement respecter la loi pas de puffs aux mineurs (nicotine ou pas )vente par des pros boutiques et buralistes qui appliquent cette loi.
    A mediter

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  1. Bonsoir ça devient une habitude en France on veut toujours laver plus blanc que blanc et notre spécialité c est l interdiction .comme pour l alcool et le tabac
    en interdisant les puffs on va encourager le trafic depuis les pays limitrophes .double peine pas de rentrée d’argent tva dans les caisses de l état et possibilité aux ados d en trouver partout sans contrôle .ne serais ce pas plus judicieux de faire tout simplement respecter la loi pas de puffs aux mineurs (nicotine ou pas )vente par des pros boutiques et buralistes qui appliquent cette loi.
    A mediter

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