À une époque où le nom de Zeus n’appartenait encore qu’à la mythologie et où « top-airflow » n’était même pas encore un mot, régnait en maître un clearomiseur Eleaf qui avait acquis ses lettres de noblesse avec un simple numéro. Ce tank aujourd’hui au panthéon des matériels de vape, c’est bien sûr le Melo 4 !
Jusqu’à aujourd’hui, cette belle histoire de succès appartenait à nos souvenirs. « Jusqu’à » aujourd’hui seulement, car avec l’arrivée prochaine du nouveau clearomiseur Melo 6, Eleaf compte bien rattraper ses longues années de retard avec un tank subohm enfin aux standards modernes.
C’est donc non sans une certaine excitation que nous allons tester ce Melo 6, bientôt disponible sur Taklope.com, donner notre avis sur sa prestation, nous remémorer cette étrangeté qu’était le Melo 5 et même le comparer à la concurrence pour savoir si, enfin, Eleaf revient dans le game !
Melo 6 Eleaf : retour d’une feuille blanche
Une brève histoire du mythique Melo 4, avant de commencer…
Reconnu dès sa 3ème version comme étant l’un des meilleurs clearomiseurs d’alors, le Melo d’Eleaf a bâti sa réputation sur un compromis. En effet, le célèbre Melo 4 que l’on a tous croisé au moins une fois sur un kit iKuu était (et est toujours) un clearomiseur subohm qui brille par sa polyvalence. Un peu plus « DL » que « MTL », le Melo 4 et ses résistances EC avaient l’avantage d’offrir une très grande plage d’utilisation sans tomber dans les excès, un beau choix de résistances ainsi qu’un style passe-partout aussi évident qu’abordable.
Ça, c’était il y a 5 ans. Le juice a coulé sous les ponts depuis, et la feuille rare d’Eleaf a fini par se faner. Heureusement, la très bonne réputation du Melo 4 lui a permis de toujours rester présent sur le marché, mais force est d’admettre que le monde des clearomiseurs a bien évolué !
Comme nous vous le disions en début d’année dans notre article Top des Meilleurs Clearomiseurs 2022, les clearos d’aujourd’hui ont dû s’adapter pour survivre face aux pods. Aujourd’hui, un top-airflow antifuite est devenu la norme. Les best-sellers actuels sont avant tout des matériels au style exotique dédiés à la vape subohm, et une vaste gamme de résistances pour tous les goûts n’a plus rien de révolutionnaire.
Conçu pour donner un nouveau souffle à la gamme, le clearomiseur Melo version 5.0 avait tout d’un matériel mal né. Face à l’arrivé du Zeus subohm et autres Zenith Pro (dans un autre registre), le Melo 5 ne parvint jamais a prolonger le règne de son aîné.
Que ce soit par son look trop tape-à-l’œil ou par son bien étrange airbag en serpentin, le Melo 5 était l’incarnation d’un vieil homme dépassé qui essaye d’avoir l’air cool auprès des « d’jeuns » (comme il dit).
Dépassé à peine sorti, le dernier Melo en date a essayé de se renouveler sans comprendre les nouvelles règles du jeu.
Le choix pour Eleaf était donc simple : soit la marque devrait essayer de réinventer son chef-d’œuvre avec une nouvelle édition modernisée du Melo 4, soit le laisser sur son piédestal pour créer quelque chose de nouveau. Un clearomiseur moderne qui comprend son marché et qui choisit bien quel héritage il souhaite garder.
Résultat des courses : Eleaf nous propose aujourd’hui un clearomiseur impressionnant, du genre qui passe très bien sur une box Odin. C’est dire ! Aucun compromis, pas de conciliation, le nouveau Melo 6 bascule corps et drip-tip dans le monde du gros clearomiseur subohm qui fait all-in sur les mensurations. Il semble que l’on puisse oublier l’époque où Eleaf nous proposait son Melo 4 en version D22 ou D25…
Ici, c’est avec un gros 25mm au plus fin de sa base que nous composerons. Même l’ancien Melo 4 (tout à gauche sur la photo) parait ridiculement petit face à lui, alors qu’ils partagent plus ou moins le même diamètre.
Face à la concurrence, le Melo 6 s’impose comme le plus massif. Même chez Smok on n’en fait plus des comme ça ! Dans ses inspirations, on retrouve un peu la base proéminente et le Pyrex relativement court du Maat Tank. En privilégiant ainsi le design au pratique, le clearomiseur Melo 6 se retrouve avec une contenance de 5ml similaire à un Zeus, soit la moyenne basse de la catégorie aujourd’hui.
On est loin, très loin du look rond et épuré de l’illustre Melo 4. Pour autant, cette dernière mouture ne ressemble en rien à l’odieuse sculpture bling-bling en papier alu qu’était le Melo 5 (navré si on est en train d’insulter votre tank chéri).
Qu’on apprécie ou non, le clearomiseur Melo 6 a le mérite de marquer l’œil avec son design en acier dense et extrêmement agressif ! Ses nombreuses bagues dentelées, sa cloche trouée, son gros drip-tip enfin en format 810, tout porte à croire qu’Eleaf a voulu rattraper ses années de discrétion avec un matériel qui pousse le curseur de la brutalité à fond !
Notez que pour le lancement, le clearomiseur Melo 6 sera uniquement proposé en version Acier et Black. En noir justement, une bague crantée au sommet reste brute, ce qui n’est pas sans lui ajouter encore un peu plus de charisme. Osez nous dire le contraire !
Si l’on décompose ses 80g en petits morceaux, on obtient un assemblage classique « Base > Résistance > Pyrex > Cheminée/cap > Drip-tip 810 ».
Bien que l’on puisse démonter le Pyrex 5ml en cas de casse, toute la partie haute du Melo 6 est d’un seul tenant. Voilà qui ne facilitera pas le nettoyage une fois que le e-liquide se sera immiscé un peu partout.
Dans toute cette belle modernité, un petit détail vient cependant lui coller une décennie dans les dents. Voyez-vous de quoi on parle ?
Il s’agit bien sûr des résistances utilisées par le Melo 6, ou plutôt le système d’installation qu’elle implique. En effet, ce nouveau Melo conserve son cœur et propose d’utiliser toutes les résistances EC (EC, EC-2, EC-A), ce qui veut dire que l’on peut oublier les systèmes de résistances sans vis modernes style PnP et qu’il va falloir se salir les doigts !
Mais ne boudons pas notre plaisir et accueillons les résistances Eleaf EC pour ce nouveau tour de piste. Pour s’inscrire parmi les cadors des clearomiseurs « grosse vapeur », le Melo 6 appelle les modèles Mesh EC-A 0,15ohm et 0,3ohm, les plus puissants de la gamme.
Même si l’on reconnait la qualité des résistances EC depuis moult années, on se pose la question de leur performance dans un nouveau clearomiseur qui se revendique du Zeus, du iTank ou du reste de la clique. Les modèles EC sont relativement petits pour les standards actuels, et leurs plages de puissances conseillées aberrantes (type « 40 à 70W » pour la 0,15ohm) nous font nous demander si le Melo 6 est bien capable de rivaliser. Nous verrons…
Bref, toujours est-il que « la » grosse nouveauté de ce nouveau clearomiseur Melo 6, c’est évidemment son impressionnant top-airflow. C’est aujourd’hui commun d’avoir un airflow positionné en haut pour éviter les fuites d’e-liquide, et c’est même un prérequis pour un clearomiseur subohm. Ce n’en est pas moins une première pour la gamme Melo qui en profite pour inclure deux larges bouches d’air de 13x2mm.
Combiné à son nouveau drip-tip 810, l’airflow du Melo 6 n’a plus rien à envier à la concurrence. Le tirage est ouvert au maximum, et l’on sent que le réglage permis restera anecdotique. Oubliez les précédentes générations qui prônaient la polyvalence, on est ici pour envoyer du lourd !
Test et avis sur le clearomiseur Melo 6 Eleaf
Bon, on peut y aller ?
Maintenant que les présentations sont faites, apprécions le fait qu’Eleaf ait conservé depuis les années le système de remplissage push-to-fill, plus si courant chez les gros clearomiseurs subohms.
Pour honorer la bête, nous testerons le Melo 6 avec sa résistance EC-A 0,15ohm, la plus puissante à ce jour. Alors ? Quid du Melo millésime 2023 ?
À 65-70W en pleine ouverture, le clearomiseur Melo 6 donne le meilleur de son potentiel. MAIS ! Il y a un mais. Comme anticipé, les fines résistances EC-A manquent de souffle. Même si elles sont capables d’encaisser une grosse puissance, on sent un léger désaccord entre la production de vapeur et l’airflow. Ça manque un peu de coffre, d’ampleur. Une résistance à la zone de chauffe un peu plus large aurait pu « remplir » l’airflow et donner le rendu plus dense en bouche.
L’ennui, c’est que la construction même du Melo 6 ferme la porte à l’adaptabilité. Si les résistances EC ne sont pas les plus à même de gérer une telle aération, on aurait pu réduire l’airflow et choisir un tirage restrictif plus « compressé ». Mais cette idée est vite anéantie par son immense drip-tip 810 très imposant aux lèvres, et la tendance qu’a la résistance 0,15 à « brûler » un peu les saveurs si on la surchauffe, ou à glouglouter si on baisse de trop les watts.
Pour résumer, le clearomiseur Melo 6 est un bon tank subohm pour la vape sportive. Seulement, on sent quand même un manque à gagner en matière de densité de la vapeur. Attention : il a largement de quoi rendre une pièce complètement opaque en 2 ou 3 bouffées (on parle quand même de vapoter à plus de 60W !)
N’oublions pas non plus les saveurs, très bien retranscrites pourvu que l’on trouve le Sweet Spot en naviguant dans l’immense plage de puissance conseillée. Ce n’est pas pour rien que les résistances Eleaf EC ont survécu à toutes ces années !
Ajoutons à cet excellent rendu aromatique une vape au bruit agréable et évidemment sans fuite violente, et l’on obtient un clearomiseur subohm Melo 6 qui peut enfin facilement rivaliser avec la concurrence.
Rivaliser ? Sur quoi exactement ?
La mission du clearomiseur Melo 6 était clairement périlleuse. « Remettre une vieille star oubliée aux standards d’aujourd’hui », c’est un vrai défi ! Alors certes le Melo 6 manque un peu d’efficience par rapport à d’autres modèles qui nécessitent moins de puissance pour un rendu légèrement plus gourmand. Certes les résistances EC sont peut-être devenues son fardeau. En attendant, il remplit tous les critères modernes, et peut se vanter de proposer un design époustouflant à la fois esthétique et fonctionnel.
Ça fait plaisir de voir un clearomiseur Eleaf Melo qui a une « vraie gueule ». Pour cela et pour les bons clouds qu’il nous a offerts, on reste très heureux de lui avoir donné sa chance.
